
L’association des franchisés de Carrefour (AFC), qui a assigné le distributeur devant le tribunal de commerce de Rennes, a revendiqué s’émanciper partiellement de son franchiseur pour l’approvisionnement des magasins de ses adhérents, dans un communiqué lundi, confirmant des informations de presse.
“Le manque de respect et d’écoute de Carrefour face au collectif de l’AFC, représentant aujourd’hui 260 magasins et plus de 700 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous a obligé, comme pour notre assignation, à réfléchir et à tracer notre propre chemin”, a déclaré l’association dans un communiqué, confirmant des informations du journaliste spécialisé Olivier Dauvers et de Challenges.
Revendiquant “un partenariat avec un distributeur pour l’apport de produits de marques nationales”, l’association prévoit de “transférer 25 millions d’euros (d’achats) de marchandises” en 2025, 70 en 2026 et 200 en 2027. Le tout, “dans le respect le plus strict du cadre contractuel”. Certains franchisés critiquent de longue date le prix auquel Carrefour leur cède les produits qui sont commercialisés dans leurs magasins. L’AFC assure que le transfert de “10 à 15%” des achats générerait plusieurs dizaines de milliers d’euros de marges brutes supplémentaires par magasin.
Soutien du ministère de l’Économie
La direction de Carrefour a assuré à l’AFP qu’il n’y avait “sur le principe aucun problème” pour un franchisé à s’approvisionner ailleurs, tant que les “engagements contractuels que chaque franchisé a signé” sont respectés. La même source souligne que le distributeur “s’est engagé depuis plusieurs mois dans une démarche de baisses de prix qui touche tous ses formats sans toucher à la marge des franchisés” et que son réseau de franchise reste très attractif, “comme en atteste le ralliement récent et public de nombreux franchisés”.
L’AFC a saisi en 2024 le tribunal de commerce de Rennes au sujet de la relation des franchisés avec Carrefour, jugée trop déséquilibrée. Elle est soutenue par le ministère de l’Économie, qui a préconisé à la justice de prononcer la nullité d’une dizaine de clauses inscrites dans les contrats passés avec Carrefour, et proposé une amende de 200 millions d’euros. Le parquet de Rennes a également l'”intention de soutenir les mêmes demandes”.
L’ensemble ne présume pas de la décision du tribunal de commerce, qui doit dans un premier temps se prononcer le 5 juin sur d’éventuels vices de forme, avant un éventuel examen du dossier sur le fond. Carrefour affiche sa “totale confiance” quant à la validité de ses contrats.
Source : BFM