Le robot Tally chasse les ruptures de stock dans les hypermarchés Cora !

Développé par la start-up californienne Simbe Robotics, le robot Tally photographie les rayons des super et hypermarchés pour identifier les produits manquants et vérifier les prix affichés. Les ruptures de stock coûtent aux distributeurs 5 à 10% de leur chiffre d’affaires chaque année, car dans 30 à 50% des cas, il n’y a pas de report de vente.

Tally, un robot blanc de deux mètres de haut, bardé d’une dizaine de caméras haute définition, ressemble à une télécommande géante posée sur roues. Cette machine, conçue par la start-up californienne Simbe Robotics, pallie à une problématique dispendieuse pour les distributeurs : les ruptures en magasin. En France, dans le secteur des PGC-FLS, elles leur ont coûté 850 millions d’euros rien qu’au premier trimestre 2022. Car dans 30 à 50% des cas, il n’y a pas de report de vente. C’est la perte sèche. Cette baisse de chiffre d’affaires est estimée entre 5 et 10% en moyenne selon les magasins. Pour régler le problème, Tally photographie les rayons afin d’identifier les emplacements vides. Une fois la boutique cartographiée et les réglages effectués (ce qui prend environ trois mois), pas besoin d’un employé à proximité pour faire fonctionner le “cyborg”. Relié à un logiciel de traitement de l’image en temps réel, il est capable de circuler en toute autonomie dans l’espace de vente, en s’arrêtant lorsqu’un client marche près de lui. S’il y a trop de monde dans les rayonnages, il passe à l’étape suivante et revient plus tard effectuer ses prises de vues. Tally se positionne à 10 centimètres des étagères afin de réaliser des clichés des articles en rayons et des étiquettes.

Objectif : détecter les ruptures de stock, faciliter le réapprovisionnement des rayons et vérifier les prix affichés devant les produits, comme le montre l’image ci-dessous, tirée de l’outil de pilotage de la data captée en magasin par la machine. En général, il scanne les étagères des points de vente trois fois par jour. Il identifie entre 15000 et 30000 articles par heure en moyenne, indique l’entreprise. “Il est capable d’identifier 80% des marchandises, même celles disposées en tête de gondole. Les outils d’intelligence artificielle dont nous disposons aujourd’hui ne sont pas encore assez développé pour analyser correctement les fruits et légumes frais et le robot, vertical, ne peut pour le moment pas faire d’image du rayon surgelé”, détaille Phil Jeudy, directeur du développement international de Simbe Robotics.

150 robots en activité

150 de ces robots sont aujourd’hui en activité. Comme il suffit d’une machine par magasin, l’entreprise est présente dans 150 points de vente, principalement aux Etats-Unis. Les machines auraient accumulé plus de 300 000 heures d’autonomie en boutique, traité les images de plus de 10 millions de produits. Simbe Robotics cible les grands supermarchés et les hyper, les magasins de proximité étant trop petits pour que le gain de productivité soit suffisant. “En quelques mois l’investissement est rentable”, promet Phil Jeudy. L’entreprise a par exemple signé avec la chaîne de supermarchés américaine Schnucks, basée dans la région de Saint-Louis dans le Missouri, où elle a déployé 111 Tally. Elle a également convaincu la branche de  Cora et Carrefour basée aux Emirats arabes unis d’installer l’appareil dans 12 établissements. Ces clients louent les services de ces machines, dont la maintenance est assurée par les équipes de Simbe Robotics ou par la société japonaise Softbank Robotics, spécialiste de cette filière ultra-technique, avec laquelle la start-up a signé un accord.

La recherche des ruptures est traditionnellement réalisée à la main par les équipes des hyper et supermarchés, “en général une fois par semaine”, pose le directeur. Un travail très chronophage et peu efficace. La promesse de Simbe Robotics : 14 fois plus de détection de rupture de stock qu’avec un audit manuel, ce qui permet de libérer du temps pour que les salariés se concentrent sur des tâches où ils sont plus efficients. “Les établissements utilisant Tally ont au minimum 20% de réduction de leurs ruptures de stock. Il nous est arrivé qu’un directeur de magasins pense qu’il manquait chaque semaine 500 produits dans ses rayons et qu’au bout de dix jours, il se rende compte que c’est trois fois plus”, rapporte le spécialiste des nouvelles technologies, ex-conseiller start-up de la famille Mulliez à San Francisco. L’inventaire, plus précis, permet également d’effectuer plus efficacement les commandes pour réapprovisionner le stock. Tally permet de cartographier de façon très fine la demande de chaque produit dans les différents points de vente d’un retailer. Les bases de données tirées de cet outil peuvent également être utilisées par les distributeurs pour améliorer le positionnement de leurs articles en rayon afin de booster leur chiffre d’affaires, mais aussi pour discuter avec leurs fournisseurs lors des négociations commerciales.

26 millions de dollars levés

Fondée en 2014, Simbe Robotics a développé son robot en interne. Un processus long car les logiciels de traitement de l’image qui se cachent derrière Tally demandent beaucoup de développement, réalisé par des cracks de la “compter vision” difficiles à recruter car le marché de l’emploi est très tendu sur ce type de profils en Californie. Le premier prototype du robot n’a été réalisé qu’en 2017. La start-up, qui a levé 26 millions de dollars au total, compte aujourd’hui une quarantaine de salariés. Depuis, Simbe Robotics envoie ses commerciaux à la recherche de clients. “En Europe, les choses ne sont pas très faciles, car les distributeurs sont souvent rétifs l’idée de mettre des robots en magasin. Ils ont peur d’effrayer leurs clients. C’est tout l’inverse qui se produit avec Tally, qui crée de la curiosité et du contact”, raconte Phil Jeudy. L’entreprise fait également face à la concurrence de plusieurs start-up, comme la jeune pousse israélienne Believe.AI, qui propose aussi une solution pour diminuer les ruptures en magasin, mais basée sur l’installation dans les rayons de centaines de caméras fixes. En France, le groupe Cora teste cette technologie depuis 2023.

 

Source : LSA / Commerce connecté.

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