“On va devoir en jeter des tonnes”. À Rennes, les agriculteurs mènent une “action tomates” dans cet hypermarché !

Parce qu’elles sont moins chères et toujours présentes dans les rayons malgré une production française suffisante, les tomates marocaines agacent les agriculteurs.

Les agriculteurs disent « tirer la sonnette d’alarme ». Ce mardi 20 mai 2025, des producteurs de tomates cerises et membres de la FDSEA 35 se sont rendus dans l’hypermarché Carrefour de Pacé, près de Rennes (Ille-et-Vilaine).

Ces derniers se mobilisent en raison de la présence de tomates cerises d’origine marocaine dans les rayons de l’enseigne, qui, selon les producteurs, font de l’ombre à celles produites en France localement en quantité suffisante.

Des tomates cerises importées

Pourquoi l’enseigne Carrefour était-elle ciblée ? Parce que les magasins sont ceux qui « jouent le moins le jeu », résument les producteurs. Ces deux dernières semaines, entre « 70 et 80 % des tomates cerises [présentes dans les magasins Carrefour, N.D.L.R.] étaient des tomates cerises importées », indiquent-ils.

Au Carrefour de Pacé, ce mardi 20 mai, sur 19 références de tomates confondues dans les supermarchés Carrefour, trois sont d’origine étrangère. « Mais ces chiffres ne veulent rien dire », commentent les agriculteurs, qui ont alors engagé une « visite de courtoisie » dans le supermarché. « Elles ont beau être minoritaires en rayon, elles peuvent très bien se vendre et le réassort du rayon peut se faire très rapidement. Au final, il est donc fort probable que ce soient elles qui sont les plus vendues. »

Ils prennent en l’occurrence pour exemple les tomates cerises : deux références sont d’origine marocaine, à savoir de la marque Azura, qui arbore en plus sur son carton d’emballage la marque discount Simply de Carrefour, et sont conditionnées en deux formats, 250 g et 1 kg. L’origine du produit n’apparaît qu’en tout petit à l’arrière de la barquette.

« Jeter des tonnes et des tonnes de tomates cerises »

Et la concurrence déloyale n’est jamais très loin. Les tomates cerises d’origine française sont elles aussi bien présentes dans les rayons, mais concurrencés par les petits prix proposés par la marque Azura. Comptez 0,99 euro la barquette de 250 g de tomates cerises Azura, contre 2,50 euros pour la barquette de 450 g sous la marque Solarenn, coopérative de tomates, basée à Saint-Armel (35).

« Si les tomates cerises marocaines sont moins chères, c’est parce que le coût de revient est moins élevé », expliquent les producteurs. « Les ouvriers agricoles sont exploités au Maroc. Les producteurs font beaucoup de marge […] Nous, nous devons toujours être sur le qui-vive pour être à l’équilibre. »

Les agriculteurs mobilisés ont collé une étiquette origine Maroc sur les tomates cerises Azura pour « ne pas tromper les clients » qui les achètent pour leur prix très attractif. (© Brian Le Goff – actu Rennes)

« Nous pouvons fournir des tomates dès le 15 avril et jusqu’à fin octobre », explique Ronan Collet, responsable de l’Union Départemental des Producteurs de Légumes. « Nous sommes en pleine production. Si ça continue, nous allons devoir jeter des tonnes et des tonnes de tomates cerises. »

Nicolas Pierre, directeur du Carrefour, a échangé avec les producteurs présents qui ont alors collé des stickers « Origine Maroc » sur les tomates cerises d’origine étrangère en rayon. Le directeur du magasin s’est montré compréhensif « face à la problématique » rencontrée par ces derniers et s’est dit prêt à collaborer avec eux. Il a aussi indiqué qu’il ferait remonter les revendications des agriculteurs au siège de l’enseigne.

Carrefour répond

Le groupe Carrefour, de son côté, indique « toujours (privilégier) l’origine France pour les fruits et légumes ».

Sur l’assortiment le plus large, nous comptons huit références de tomates cerises dont une seule est marocaine. L’approvisionnement auprès de producteurs étrangers permet surtout de répondre à la demande hors saison.

Carrefour

Toujours selon le groupe, « la tomate cerise française représente environ un tiers des ventes annuelles, malgré une disponibilité limitée d’avril à octobre, alors que la consommation est constante toute l’année ». En revanche, « en pleine saison, elle atteint près de la moitié des ventes ».

Enfin, pour la tomate dans sa totalité, « l’origine France représente les 3/4 des ventes ».

Source : actu Rennes

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