Mise en rayon: des conditions de travail améliorées sur la durée !!!

FICHE D’IDENTITÉ
NOM : Cora

ACTIVITÉ : grande distribution

LIEU : Villebarou (Loir-et-Cher)

SURFACE : 9 400 m2

EFFECTIF : 200 salariés dans le magasin, dont 22 approvisionneurs/ achemineurs. L’enseigne emploie 18 000 collaborateurs au   sein de 61 hypermarchés, principalement dans l’est et le nord de la France.

Au sein du magasin Cora de Villebarou, dans le Loir-et-Cher, un programme de lutte contre les TMS (troubles musculosquelettiques) est déployé. S’appuyant sur le diagnostic des situations de travail, il a conduit à une série d’actions mises en œuvre pour les postes d’achemineurs et approvisionneurs chargés des produits de grande consommation.

BIEN AVANT L’ARRIVÉE des premiers clients, le magasin s’anime. Il est quatre heures du matin dans l’hypermarché Cora de Villebarou, à côté de Blois, dans le Loir-et-Cher. Comme tous les matins, les achemineurs sont à la tâche. En réserve, ils récupèrent les colis de marchandises qu’ils viennent déposer dans les allées. La mise en rayon est alors gérée par les approvisionneurs, rattachés à leur zone. Une organisation adoptée il y a un peu plus de deux ans, pour augmenter en productivité et gagner du temps dans un secteur concurrencé par la vente en ligne. Au passage, elle permettait de limiter les déplacements et notamment les allers-retours des appro- visionneurs en réserve.

Aurélie Courtot est l’une d’entre eux. Selon elle, le métier reste physique. Avec d’autres collègues, elle a participé à des études de poste, acceptant notamment d’être filmée pendant son activité lors d’une étude sur les conditions de travail. Comme d’autres magasins de l’enseigne, l’établissement s’est engagé dans le cadre du pro- gramme de prévention TMS Pros de l’Assurance maladie-risques professionnels. « Nous y avons vu l’opportunité de nous structurer, d’évoluer et de gagner en autonomie sur le sujet », affirme Nabila Boulhram, responsable santé et sécurité au travail du groupe.

Les TMS représentent pratique- ment la totalité – 98 % – des maladies professionnelles du secteur. L’enseigne a d’abord formé l’ensemble des équipes de direction. Elle a déployé sa démarche en laissant chaque magasin auto- nome dans le choix des priorités.

« En me confiant ce projet, la direction m’a donné du temps et des moyens : pour rencontrer les équipes, réaliser les études de poste, ou assurer le suivi des actions », évoque Benoît Pajot, responsable d’offre aux produits saisonniers et référent TMS dans le magasin de Villebarou.

Chez les approvisionneurs, les tablettes à roulettes font des adeptes et chaque salarié a la sienne, à la hauteur qui lui convient.

Multiplication et unanimité

« Nous avons ciblé les postes d’achemineurs et approvisionneurs dans les rayons des produits de grande consommation (épicerie, liquides, produits frais en libre-service), où l’on rencontre les situations les plus à risque de provoquer des troubles musculosquelettiques, poursuit-il. Nous avons mis en place les transpalettes électriques à haute levée et des tablettes roulantes qui permettent d’éviter les gestes les plus contraignants. » « Le référent TMS de l’entreprise a été formé à la démarche par un organisme extérieur. À chaque étape, nous avons pu échanger sur les solutions d’aide à la manutention. Des tests ont été réalisés en associant les salariés puis en suivant la façon dont ils s’appropriaient le matériel », témoigne Christophe Depogny, contrôleur de sécurité à la Carsat Centre Val-de-Loire.

 

8 à 10 tonnes

de produits de grande consommation sont dépotées quotidiennement.

 

Thierry Dumas utilise un chariot transpalette à haute levée. Ils se sont multipliés dans le magasin et font l’unanimité auprès des salariés. Le sien a la spécificité d’être un chariot à conducteur porté. « Ça change la vie, dit-il. Globalement, on voit qu’il y a eu des évolutions pour nous éviter de nous baisser, de plier les genoux ou encore sup- primer des manutentions. » À ce sujet, il évoque la mise en place d’une quarantaine de bennes à cartons, réparties dans les rayons et vidées régulièrement par le prestataire de nettoyage. « On y jette les cartons sans avoir à les écraser », précise-t-il. Armé de son scan, précieux pour la géolocalisation des produits et le suivi informatique, il poursuit son travail. Chez les approvisionneurs, les tablettes à roulettes font égale- ment des adeptes. Chaque salarié a la sienne, à la hauteur qui lui convient. Aurélie Courtot n’est malgré tout pas totalement convaincue : « Cela nécessite quand même de poser les marchandises sur la tablette. » « Oui, mais on n’a pas à se baisser au sol à chaque fois pour la mise en rayon », répond son collègue. « Les salariés contribuent au choix des équipements de travail. Certaines solutions sont perfectibles, mais il est important d’avancer en associant et en formant les collaborateurs », insiste Benoît Pajot. Avec la tablette, un plateau à roulettes est fourni, pour déplacer les colis au sol. Il est peu utilisé à Villebarou, mais le référent TMS sait que ses homologues dans d’autres magasins ont de bons retours. Des mini plates-formes individuelles roulantes (Pirl) ont également fait leur apparition. Là aussi, ce n’est qu’un début. « Il faudrait des équipements plus simples à déplacer », entend-on. Sans compter que pour les approvisionneurs, la mise en place de sangles à chaque utilisation est une contrainte. « Nous avons travaillé sur le rayonnage, pour appliquer la recommandation R 478 de la Cnam 1, en limitant les hauteurs à 1,80 m, en supprimant les casquettes et en ne mettant pas de marchandise à moins de 40 cm du sol », reprend Benoît Pajot. Les livraisons sont plus équilibrées, les stocks ont été réorganisés.

Les chariots transpalette à haute levée, dont certains peuvent être à conducteur porté, se sont multipliés dans le magasin et font l’unanimité auprès des salariés.

Des échanges fluides

L’enseigne encourage également la polyvalence. « L’organisation du magasin met en avant le travail d’équipe. Avec un objectif commun: que tout soit prêt pour l’ouverture à 8 h 30 », observe Thierry Dumas. « Après les produits de grande consommation, on va étudier le secteur fruits et légumes. Là aussi, ils manipulent des charges lourdes. Certains utilisent déjà des chariots à hauteur constante, d’autres les trouvent trop encombrants. Peut- être y a-t-il des adaptations à trou- ver, mais il faut convaincre », évoque Benoît Pajot. « Nous avons désormais quelques années d’expérience du pro- gramme TMS Pros, entre la première séries de magasins ciblés en 2015 et d’autres plus récemment, reprend Nabila Boulhram. Nous avons fait monter en compétences les différents acteurs. Les échanges sont fluides entre les directions. Les avancées qui donnent satisfaction sur un site sont partagées. Il y a une réelle volonté d’apprendre les uns des autres et d’harmoniser les pratiques. » Innover ensemble pour améliorer aussi l’image d’un métier qui souffre d’un déficit d’attractivité. De meilleures conditions de travail pourraient apporter une solution aux difficultés de recrutement.

 

Source : Grégory Brasseur / travail & sécurité

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.