Pourquoi Carrefour s’intéresse autant aux gares ?

Carrefour a annoncé le 23 janvier la signature d’un accord de douze ans avec Lagardère Travel Retail et SNCF Gares & Connexions pour s’implanter dans 150 gares d’ici à 2030. Sous la forme de magasins physiques sous trois enseignes, Carrefour Express, Api et Potager City, mais aussi de points de retrait. Explications.
Dag Rasmussen, Marlène Dolveck et Alexandre Bompard devant le Carrefour City de la gare Saint-Lazare,
qui voit passer plus de 130 millions de passagers chaque année.

L’accord est suffisamment important pour que Alexandre Bompard, Marlène Dolveck et Dag Rasmussen aient fait le déplacement le 23 janvier au sous-sol de la gare Saint-Lazare, devant l’un des Carrefour City dont le rendement au m² (25 000 euros) est l’un des plus importants parmi les quelques 5000 points de vente de proximité du groupe. Le PDG de Carrefour, la directrice générale de SNCF Gares et Connexions et le PDG de Lagardère Travel Retail se sont félicités de concert d’un partenariat de douze ans signé pour installer 150 magasins ou points de retrait dans des gares françaises d’ici à 2030, au rythme de 30 par an. Des gares où il faut « plus de services et plus de vie » pour reprendre les mots de Marlène Dolveck, qui ne soient pas de « simples lieux de passage, mais des lieux vivants », selon le patron de Lagardère Travel Retail.

Un appel d’offres remporté de haute lutte

Pour Carrefour, c’est une jolie victoire qu’Alexandre Bompard n’a pas manqué de souligner. Déjà parce que dans cet appel d’offres long et complexe, il n’était pas le seul…Selon nos informations, Monoprix, adossé à un autre acteur, était aussi dans la course. « Voilà longtemps que j’avais envie de ce partenariat. Nous visons a minima 150 magasins dans les grandes gares et les moins grandes. » A minima parce que l’accord est un accord cadre, qui a nécessité de longs mois de travail, compte tenu de la complexité de l’implantation de magasins dans les zones de flux. Lagardère Travel Retail joue le rôle d’assemblier en ayant en charge l’opérationnel, la gestion du personnel, Carrefour s’occupant de l’offre et de l’agencement des magasins. Le premier verse une redevance au second, calculée en fonction du chiffre d’affaires, et au concédant, SNCF Gares et Connexions en l’occurrence. Objectif : ouvrir dans 150 gares donc, dont un tiers de magasins physiques et deux tiers de points de retrait de courses effectuées sur le site de Carrefour.

150 gares au moins, trois enseignes

Les premiers seront en très grande majorité sous enseigne Carrefour Express, entre 80 et 400 m², avec une forte proportion de produits à marque Carrefour (40%), des produits frais et du snacking, à l’image du magasin Carrefour City de la gare Saint-Lazare. Ici, la moitié du chiffre d’affaires (11 millions d’euros par an) est réalisée par les produits frais et 15% par le snacking, deux fois plus que dans un magasin normal. La satisfaction d’Alexandre Bompard s’explique aussi par la visibilité et le business que ces lieux de trafic vont apporter à Carrefour. NielsenIQ a calculé que le rendement au m² dans les gares qui voient défiler plus de 5 millions de voyageurs par an atteint 9581 euros, soit près de 40% de plus que la proximité classique (6852 euros au m²).

Plus les gares sont fréquentées, meilleur est le rendement au m²

Mais Carrefour ne vise pas que les grandes gares. «Le commerce de flux représente une formidable opportunité pour tester des concepts », avait lancé il y a quelques mois Benoit Soury, directeur exécutif de la proximité chez Carrefour. C’est chose faite. L’alliance avec Lagardère et Sncf va accueillir aussi deux de ses derniers nouveaux concepts, l’un réservé aux campagnes, l’autre aux villes. Api, enseigne créée fin 2022 qui compte 110 magasins aujourd’hui approvisionnés par Carrefour, fera son entrée dans les petites gares. Sans personnel, le voyageur-client pourra y pénétrer à l’aide d’un QR Code.

Le deuxième s’appelle Potager City et fait partie intégrante de la stratégie offensive menée par le numéro deux de la distribution alimentaire dans la proximité. L’enseigne lancée par Carrefour il y a maintenant deux ans vise 10 à 15 ouvertures en 2025, ce qui portera son parc à 30 magasins. A ce rythme, Potager City pourrait compter une centaine de points de vente dans trois ans, du moins, c’est l’objectif affiché par Benoit Soury. Recentrés autour des fruits et légumes, qui pèsent entre 60 et 65% du chiffre d’affaires, et une offre de 500 à 600 références, ces petits magasins, à l’allure aussi soignée qu’un primeur un peu chic, peuvent jouer leur rôle dans ces gares, lieux de vie.

Source : LSA

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.